Entretien avec Michèle Bonneton
Sur la 9ème circonscription, Michèle Bonneton est la candidate investie aux élections législatives de juin 2012 dans le cadre de l’accord entre EELV et le PS.
Michèle Bonneton, parlez nous de votre parcours.
J’ai toujours eu à cœur de m’impliquer dans la vie locale : j’ai été membre fondatrice de plusieurs associations au début des années 80 , dont l’association de protection de l’environnement de mon village natal qui depuis est devenue depuis une association très connue. Plus récemment j’ai été membre fondatrice du Comité départemental contre la privatisation de la Poste. J’ai également été élue conseillère municipale à Meylan, (où j’habitais alors), pendant 13 ans, de 1995 à 2008, et j’’ai été déléguée à des commissions de la Métro. Pendant 6 ans, nous avons agi dans le cadre d’une majorité de gauche plurielle, où j’étais en charge de l’agriculture, de l’environnement et des risques, puis de 2001 à 2008 j’ai été dans l’opposition, la majorité municipale étant passée à droite.
J’ai en effet habité à Meylan pendant 20 ans pour des raisons professionnelles : j’étais professeur agrégée de sciences physiques. J’ai adoré ce métier, mais j’ai toujours gardé le contact avec ma ferme natale dans le Sud Grésivaudan, et à partir de 1977, je me suis occupée d’entretenir les terrains familiaux que j’ai rapidement convertis en bio. C’est comme ça que je suis devenue productrice de noix bio, parallèlement à mon métier d’enseignante. J’ai choisi de revenir habiter ce village du Sud Grésivaudan à ma retraite, il y a 4 ans.
J’ai deux grands enfants, que j’ai élevés seule après le décès de mon mari en 1986.
J’aime approfondir mes connaissances, et j’ai complété ma formation scientifique par un DEA de mécanique des milieux géophysiques et environnement. J’ai travaillé plus précisément sur le dioxyde de carbone emprisonné dans les glaces de l’antarctique, en relation avec les changements climatiques, puis avant que l’essence sans plomb ne soit généralisée, j’ai mené une étude sur la teneur en plomb des dents de lait des enfants en ville et à la campagne, étude qui a montré une différence significative entre ces 2 groupes. Ces expériences ont assis mes convictions écologistes… J’ai adhéré au parti des Verts peu après avoir été élue conseillère municipale.
Etant d’origine modeste, je suis très sensible à la justice sociale, et j’ai toujours lié environnement de qualité et justice sociale. A ce titre, je suis satisfaite de l’accord qui a été signé entre EELV et le PS.
Michèle Bonneton, parlez nous de l’accord PS – EELV.
C’est un bon accord, ce qui n’a pas été si compliqué car Socialistes et Ecologistes ont les mêmes valeurs fondamentales et la volonté de mettre en œuvre les mêmes grandes réformes. L’accord porte sur la nécessité d’un nouveau modèle économique et financier pour réduire les inégalités et les injustices sociales , et pour une répartition plus juste des richesses tout en préservant l’environnement.
Citons par exemple :
– En matière de réforme économique et fiscale : un meilleur contrôle de la finance avec la séparation des banques de dépôt et d’investissement, la taxation des transactions financières à 0.05%, l’encadrement des bonus et stock options et une fiscalité durcie pour les revenus du capital ainsi que pour les très hauts revenus, l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Union Européenne.
– En matière de réforme sociale : faire de l’éducation la priorité nationale, avec les recrutements nécessaires d’enseignants, engager un programme volontariste de construction de logements sociaux, redynamiser les services publics (santé, justice, police, Poste), repenser la RGPP qui a contribué à leur désorganisation, revenir sur la reforme des retraites…
– En matière de réforme de la démocratie : introduire une dose de proportionnelle dans les élections législatives, garantir l’indépendance de la justice et des médias, mettre en place une loi anti-concentration dans les médias.
Sur tous ces points et beaucoup d’autres, nous agirons en commun avec le PS, alors que nous sommes en profond désaccord avec la droite de Nicolas Sarkozy.
Il y a aussi des points dans cet accord où l’influence des écologistes est évidente : l’affirmation de la nécessité d’amorcer la transition énergétique, et d’exploiter les énormes possibilités de créations d’emplois verts grâce à la montée en puissance des énergies renouvelables, et des économies d’énergie ; la fiscalité écologique ; l’investissement dans les transports en commun…
Evidemment les écologistes auraient souhaité aller plus loin et plus vite sur ces questions. L’accord est un compromis qui permet de réelles avancées, qui nous permettront de voter ensembles les lois indispensables.
Enfin il y a quelques points sur lesquels nous avons constaté un désaccord, notamment sur la nécessité d’arrêter le chantier de l’EPR de Flamanville. Mais ce désaccord ne nous empêchera pas de travailler ensembles ! Très positif : il a été acté qu’aucun nouveau chantier de centrale nucléaire ne verra le jour,
C’est un accord de législature et nous sommes prêts à participer à une majorité de gauche pour le mettre en œuvre. Cela n’implique pas nécessairement une participation d’écologistes au gouvernement.
C’est aussi un accord nécessaire : pour les écologistes afin de permettre une représentativité à l’Assemblée Nationale qui corresponde à leur véritable poids électoral, (chose impossible sans alliance compte tenu du système électoral actuel) mais nécessaire aussi pour le PS afin de réussir le rassemblement de la gauche et mettre fin à la politique libérale et injuste de Mr Sarkozy. Cet accord préfigure la mise en place d’une dose de proportionnelle. C’est un élargissement de la démocratie.
Quel est votre point de vue sur le discours de François Hollande du 22 janvier ?
Ce discours s’appuie sur les valeurs républicaines, il annonce des mesures concrètes, et son ton était mobilisateur.
François Hollande a beaucoup parlé d’égalité, c’est une valeur fondamentale de notre république depuis 1789, à conjuguer avec la liberté. La laïcité fait partie des fondements de notre société, elle est un des conditions de l’égalité des citoyens et de leur liberté de conscience.
Parmi les nombreuses mesures qu’il a proposées, beaucoup font partie des fondamentaux du programme écologiste. J’en citerai quelques unes, dans le désordre : l’efficacité énergétique et l’isolation des logements, l’instauration d’une taxe écologique aux frontières de l’Union Européenne, la création d’une agence publique européenne de notation, la relocalisation des industries françaises, le remboursement des aides publiques par les entreprises qui délocalisent, le non cumul des mandats, la parité, le droit de vote des étrangers, l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives …
La réforme de la fiscalité, portant à 45% la tranche supérieure de l’impôt pour les revenus supérieurs à 150 000 € est une mesure bien timide ! heureusement tempérée par la suppression des niches fiscales supérieures à 10 000 €.
Cependant, toutes les possibilités qu’offre la conversion écologique de l’économie ont été à peine effleurées. Grace à la seule transition énergétique , nous pouvons créer un million d’emplois d’ici 2020.
A propos du nucléaire, François Hollande propose de diminuer sa part dans la production d’électricité de 75% à 50% d’ici 2025. C’est faible ! Surtout après le rapport de l’ASN qui préconise de très lourds travaux pour sécuriser les centrales nucléaires françaises (pour un coût de plusieurs milliards €). Sans doute s’avèrera-t-il plus raisonnable et moins couteux de fermer rapidement les plus vétustes, plutôt que d’investir lourdement pour les faire fonctionner à tout prix. Ces investissements lourds ne pourront pas bénéficier aux énergies renouvelables , créatrices d’emplois de proximité, non délocalisables et démocratiquement contrôlables.
A suivre …
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